Un genou en vrac nous a conduit à modifier nos plans (épisode précédent : Chamonix. Bivouac à l’Aiguillette des Posettes. Genou en vrac. Et Mer de Glace.). Les randonnées sont compromises pour les prochains jours. Et très peu de remontées mécaniques fonctionnent en cette période particulière (mi-juin 2020). Heureusement le sommet du Mont-Blanc attire quelques alpinistes, le tramway du même nom et les refuges de la voie dite « royale » sont donc ouverts.
Nous nous rendons au Fayet, lieu de départ du tramway du Mont-Blanc. Le train à crémaillère part du centre-ville, en face de la gare SNCF, 580 mètres et emmène ses passagers jusqu’au nid d’Aigle, terminus de la ligne à 2380 mètres d’altitude.
Plusieurs gares, Saint-Gervais-les-Bains, Motivon, col de Voza, Bellevue, permettent d’embarquer et de débarquer tout au long du trajet.
Nous montons dans le wagon, tiré par la motrice « Jeanne ». Les trois motrices électriques, datant de 1956, portent le nom des trois filles ainées du directeur de la compagnie de l’époque. Marie, Jeanne, Anne. Malheureusement pour eux, la petite dernière et les garçons de la famille n’ont pas eu l’honneur d’avoir une locomotive baptisée à leur prénom !
Le train s’ébranle, tranquillement, traverse une des principales artères de la ville, bloquant la circulation, puis grimpe entre les maisons. Nous passons au milieu de quelques jardins dans lesquels poussent des arbres fruitiers, troublant brièvement la tranquillité des habitants, avant d’arriver à Saint Gervais. Quelques minutes d’arrêt. Personne ne descend, nous venons à peine de partir, mais plusieurs passagers embarquent.
Nous repartons, à un train de sénateur. 12 kilomètres/heure. La pente est régulière, le convoi suit les flancs de la montagne et traverse une forêt de sapins. Avant d’arriver sur la large crête entre les vallées de Chamonix et de Bionnassay. Les arbres sont beaucoup plus épars à cette altitude et les prairies sont couvertes de plantes en fleurs. Nouvel arrêt à la gare du col de Voza, puis un peu plus loin à celle de Bellevue.
Nous descendons. Le prochain tramway en direction du Nid d’Aigle passe dans une heure et demie. Nous disposons de temps pour déjeuner et nous promener dans les environs.
Le cadre est parfait pour un pique-nique. Face à nous s’élèvent deux montagnes de plus de 4000 mètres, impressionnantes masses constituées de roches, glace et neige, l’Aiguille de Bionnassay et le Dôme du Goûter. Ce dernier masque le sommet du Mont-Blanc. Sur la gauche la vallée de Chamonix et le massif du Mont-Blanc s’étendent. Mont-Blanc du Tacul, Aiguille du Midi, Mont Dolent, Aiguille Verte, Aiguille d’Argentière… Tous les sommets emblématiques de la région s’offrent à notre vue.
Nous marchons maintenant en direction du col de Voza. Pour l’instant le genou endommagé résiste sur ce chemin qui descend faiblement. Le train apparait à l’horizon. Nous arrivons à la gare et embarquons afin de poursuivre le voyage. Petit à petit le convoi poursuit son ascension. Nous dépassons les 2000 mètres. Au détour d’un virage deux marmottes se laissent apercevoir. Elles courent se réfugier vers leur terrier. Le tramway gravit les dernières pentes, passe dans un tunnel et arrive au Nid d’Aigle. Terminus, la voie s’arrête là.
Nous marchons quelques minutes pour rejoindre le refuge, situé au milieu d’un extraordinaire environnement de haute montagne. Construit en arc de cercle le bâtiment est dominé par les Aiguilles du Goûter et de Bionnassay. La face nord de cette dernière est particulièrement impressionnante, s’élevant à la verticale au-dessus du glacier du même nom.
Quelques personnes sont attablées sur la terrasse, mangeant une soupe ou buvant une boisson chaude. Le Soleil tape même si quelques nuages virevoltent et s’accrochent sur les sommets qui nous entourent.
Nous signalons notre arrivée au personnel du refuge, pas de problème notre réservation, effectuée le matin même par téléphone, est bien prise en compte. Puis nous marchons en direction du glacier. Au-dessus, sur une crête, deux bouquetins font leur apparition.
Un important névé bloque le passage, nous le contournons par le bas. Les bouquetins en ont profité pour descendre, ils ne sont plus qu’à quelques mètres de distance.
La perspective est trompeuse, le glacier est plus loin que nous le pensions ! Nous parvenons en bordure de la moraine, le temps a bien changé en une demi-heure. Les nuages commencent à couvrir les environs. A cet endroit la déclivité de la pente est plus forte, le front glaciaire forme une cascade de glace.
Devant cet amas chaotique de blocs de glace de toutes tailles et formes nous comprenons le nom donné à l’emblématique glacier de la région « Mer de Glace ». Le paysage face à nous évoque une mer mouvementée figée.
Nous retournons boire un bol de chocolat chaud sur la terrasse du refuge, avant de nous réfugier à l’intérieur alors que le temps se dégrade. Les derniers clients quittent l’endroit et se dépêchent d’aller prendre le dernier train (16h40) qui redescend vers la vallée.
Nous nous retrouvons avec les deux gardiens du lieu et quatre parapentistes qui viennent d’arriver. Ils souhaitent tenter l’ascension du Mont-Blanc le lendemain et décoller du sommet en parapente. Nous sommes un peu sceptiques. Du refuge, 2400 mètres, jusqu'au sommet, 4810 mètres, le dénivelé est énorme. Encore plus avec un parapente à porter!
Nous nous installons dans le dortoir. 10 lits, mais nous serons seuls dans la pièce cette nuit. Les parapentistes dorment dans le dortoir à côté, ils ne nous réveilleront pas lorsqu'ils se lèveront en pleine nuit pour partir à l'assaut du toit de l'Europe.
Le classique menu du soir en refuge, soupe, plat consistant, dessert, est très bon (mention spéciale à la tomme de vache!).
Après le diner nous sortons marcher dans les alentours.
Du côté de la vallée le ciel est dégagé, le soleil descend vers l'horizon. De l'autre côté, vers les montagnes, d'importants nuages noirs recouvrent glaciers et sommets. Quel contraste. Un rayon de Soleil parvient à illuminer le glacier de Bionnassay et, transperçant la couverture nuageuse, la face nord de l'Aiguille.
Il est temps d'aller dormir. La nuit est paisible, ce qui est rare en refuge. Pas de bruits ou de ronflements (ceux des autres ou les nôtres !) pour venir troubler le sommeil.
Réveil au petit matin, nous ne voulons pas louper le lever de Soleil.
Problème l'astre se lève derrière les sommets du massif du Mont-Blanc, nous ne savons pas à quelle heure ses rayons illumineront les environs. Pour l'instant il colore les nuages d'une douce teinte rose. Les montagnes sont complètement dégagées tandis que la vallée est sous les nuages. Ces derniers disparaitront rapidement.
La pointe de l'Aiguille de Bionnassay est la première à être éclairée. Puis la limite entre l'ombre et la lumière s'abaisse petit à petit.
Près de 3 heures, et un bon petit-déjeuner, plus tard, la face est entièrement illuminée, ainsi que le glacier à son pied.
Les premiers alpinistes ayant atteint le sommet du Mont-Blanc au petit matin sont déjà redescendus ! Concernant les parapentistes deux d'entre eux ont renoncé à tenter l'ascension, les deux autres sont montés à 4000 mètres d'altitude pour décoller.
Nous prenons notre temps et profitons du cadre extraordinaire autour. L'univers de la haute montagne est à portée de main, alors que nous sommes venus sans effort dans ce lieu encore presque désert. Dès que le premier convoi du tramway du Mont-Blanc arrive, à 9 heures 30, les choses changent. Les premiers touristes et randonneurs débarquent. Pendant ce temps des nuages, venus on ne sait d'où, font leur apparition et cachent en partie les montagnes.
Il est temps pour nous de nous diriger vers le train à crémaillère et de rentrer au Fayet, puis à Chamonix.
Informations utiles :
Parking Le Fayet, rue du casino : gratuit
Tramway du Mont-Blanc : 39 € par personne billet aller/retour
Refuge du nid d'Aigle : 25 € pour la nuitée + 39 € pour la demi-pension
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