Après une dizaine de jours passés dans la Cordillère Blanche, notre prochaine grosse étape sera la vallée de Cuzco et le massif de l’Ausangate. Le plus simple, le plus court (une trentaine d’heures de route malgré tout !) et le plus confortable serait de retourner à Lima puis de prendre un bus en direction de Cuzco. Le trajet s’effectue en grande partie en longeant la côte, sur la route Panaméricaine.
Pour notre part nous décidons de poursuivre notre exploration d’un Pérou hors des sentiers battus. Nous disposons de temps, nous descendrons la Cordillère des Andes par des routes de montagne et des pistes sinueuses. Nos principaux points de passage seront les villes de Huánuco, Cerro de Pasco, Huancayo, Huancavelica, Ayacucho, Abancay, avant d’arriver à Cuzco. Un périple de plusieurs jours, passés entre 3000 et 4500 mètres d’altitude, marqué par de nombreuses heures de transport, la découverte de lieux extraordinaires et une plongée dans la vie ordinaire des péruviens.
Nous n’avons pas pris beaucoup de photographies de cette « traversée ». Les photos prises derrière la vitre d’un bus ou d’une voiture ont rarement un rendu intéressant. Nous n’avons pas non plus eu envie d’attirer l’attention avec notre appareil photo. Enfin nous préférions vivre pleinement « l’instant présent » plutôt qu’à travers l’objectif d’un appareil !
Nous partons donc de Huaraz, en début d’après-midi, vers La Union. Les quatre heures de trajet offrent des paysages somptueux. La route, asphaltée, borde la partie sud de la Cordillère Blanche, puis une partie de la Cordillère Huayhuash. Sur la fin elle suit le cours d’une rivière, au fond d’un canyon. Par endroits une crue a emporté un bout de la route asphaltée, une piste provisoire a été aménagée à côté. Nous traversons des villages, longeons des précipices. De vastes zones désertiques sur lesquelles poussent quelques touffes d’herbe nous font penser aux paysages d’Islande.
Comme sur d’autres routes asphaltées au Pérou les véhicules doivent payer un droit de passage. Pour éviter de payer, lorsque nous arrivons à proximité du péage, le conducteur de bus sort de la route asphaltée et emprunte une piste. De nombreux autres véhicules ont la même idée. Les habitants du coin, malins, ont décidé de profiter de la situation et ont installé à leur tour un péage (illégal celui-là) pour les véhicules qui empruntent la piste. Ce péage est évidemment bien inférieur au droit de passage officiel… Ce contournement des règles se fait à la vue et au su de tous.
De nombreux policiers et militaires sont postés le long de la route. Probablement car nous ne sommes qu’à quelques dizaines de kilomètres de zones de production de feuilles de coca (et de leur transformation en cocaïne). En particulier la Cordillère Azul, lieu d’activités narcoterroristes. A un point de contrôle notre bus est obligé de s’arrêter. Trois militaires, lourdement équipés et armés entrent dans le bus. Situation anxiogène, d’autant plus que nous sommes les seuls « gringos ». Ils prennent les cartes d’identité de tous les péruviens présents dans le véhicule. Arrivés à notre hauteur ils jettent seulement un rapide coup d’œil à notre passeport. Après avoir récupérés les cartes d’identité des passagers ils quittent le bus.
Nous resterons stationnés une dizaine de minutes, le temps qu’ils effectuent des vérifications d’identité. Le bus peut alors repartir. Nous sommes rassurés, aucun criminel connu n’est avec nous !
La Union est une ville sans charme qui s’étend au fond d’une vallée. Il s’agit de la principale ville à des dizaines de kilomètres à la ronde. Le lieu est donc particulièrement animé. Commerçants et paysans des environs viennent y faire du commerce. Nous n’avons aucun problème à trouver un hôtel et prenons une chambre à l’hôtel Imperial (le nom nous plait bien !). Moins de choix pour le diner, une polleria est ouverte, donc ça sera poulet-frites.
A proximité de la ville se trouve un important site inca, Huánuco Pampa. En tenant compte de l’accès et de la visite il faut compter une bonne demi-journée pour explorer les lieux. Si nous le visitons le lendemain matin, cela nous oblige à passer une seconde nuit à La Union ou à dormir à Huánuco, ce que nous souhaitons éviter (Cordillère Azul à proximité). Nous renonçons finalement à cette visite. Même dans un voyage de 3 mois il faut faire des choix… Mais le site, peu entretenu et non touristique, avait l’air très intéressant !
Le lendemain nous partons vers Huánuco, ville située à 140 kilomètres de La Union. Le trajet prend près de 6 heures en bus et moins de 3 heures 30 en taxi collectif ! Pourtant la route est en grande partie asphaltée. Mais elle serpente dans la montagne et la chaussée, étroite, ne permet pas de se croiser à deux véhicules. Nous choisissons l’option taxi collectif, qui est rapidement plein. De toutes façons nous n’avons pas vraiment le choix, les bus ne sont pas fréquents dans le coin !
Le conducteur effectue le trajet en musique, nous écouterons en boucle 5 ou 6 fois la même cassette audio. La route traverse de petits villages perdus dans la montagne, longe des champs et des eucalyptus. A mi-chemin elle est coupée, des ouvriers sont en train de l’entretenir. Une heure et demi d’attente et nous pouvons repartir.
Lorsque nous arrivons à Huánuco il est l’heure de déjeuner. C’est dimanche, de nombreux habitants vont au restaurant en famille ou entre amis. Au détour d’une rue nous tombons sur un établissement installé sous un toit de tôle, avec un sol en terre, de la fumée qui s’en échappe et une formidable odeur de barbecue. Cela nous attire ! Un seul choix, le restaurant propose uniquement de la Pachamanca. Il s’agit d’un plat, principalement cuisiné à l’occasion de fêtes, qui consiste à cuire à l’étouffée des denrées, directement dans la terre grâce à des pierres chaudes posées dessus. Ce midi du porc accompagné de maïs, de pommes de terre et d’autres tubercules dont nous ne connaissons pas le nom. Le tout est parfumé grâce à des herbes locales. On mange avec les mains. C’est délicieux !
Nous sortons de là repus. Un chauffeur de moto-taxi nous conduit à la sortie de la ville à l’endroit où partent les taxis collectifs en direction de Cerro de Pasco, notre prochaine étape. Sur les routes sinueuses de la Cordillère des Andes les taxis collectifs permettent de gagner beaucoup de temps par rapport aux trajets en bus. La conduite est sportive, parfois dangereuse, mais au Pérou les véhicules utilisés et les pneumatiques sont en bon état.
Après être descendus de 3200 mètres à 1900 mètres (altitude de Huánuco) ce matin, nous remontons en altitude. Cerro de Pasco est perchée à plus de 4300 mètres. Il s’agit de la ville de plus de 50 000 habitants la plus haute du monde. L’endroit est plein de contradictions, à la fois fascinant et inquiétant… La ville s’est développée autour d’une mine (plomb, zinc et argent) qui forme un gigantesque trou de 400 mètres de profondeur et 2 kilomètres de large. Des maisons et bâtiments gris s’amoncellent autour de ce trou béant, entouré de bâches pour en cacher la vue.
A cause de graves problèmes de pollution de l’eau et des sols, liés à l’activité de la mine, l’espérance de vie y est inférieure de 15 ans à la moyenne du pays. Du brouillard enveloppe souvent la ville, humidifiant l’atmosphère et accentuant la sensation de froid. Pourtant la ville attire toujours plus de travailleurs qui (sur)vivent grâce à l’activité de la mine.
Pour la seule fois de notre voyage nous prenons une chambre avec un radiateur. Le temps est gris, triste, rien dans cette ville n’incite à la promenade. Nous dinons dans le restaurant au pied de l’hôtel.
Le matin suivant nous prenons un bus en direction de Huancayo, à 250 kilomètres. Nous voyageons en catégorie supérieure. Les sièges, très larges, sont complétement inclinables. Nous ne sommes pas habitués à tant de confort !
C’est le 3ème jour de suite que nous roulons, nous en avons un peu marre. Mais les paysages sont toujours aussi beaux, même s’ils sont moins montagneux. La route emprunte une large vallée, parsemée de champs cultivés et de villages. Plus loin l’environnement devient désertique. Nous traversons l’altiplano péruvien, couvert de touffes d’herbes broutées par des troupeaux de lamas. Ce sont les premières zones où nous voyons ces camélidés en nombre. Il n’y a aucun arbre à l’horizon, la végétation est rase sur ces hauts plateaux.
Nous arrivons, sans encombre, à Huancayo en début d’après-midi. Nous déjeunons rapidement dans un chifa, un restaurant chinois que l’on trouve dans toutes les villes du pays.
Informations utiles !
Bus Huaraz – La Union : 17 soles
Hôtel Imperial (La Union) : grande chambre matrimoniale 50 soles
Taxi collectif La Union – Huánuco : 30 soles/personne
Déjeuner Pachamanca : 15 soles
Taxi collectif Huánuco – Cerro de Pasco : 25 soles/personne
Hôtel Sol de Oro (Cerro de Pasco) chambre : 90 soles (avec chauffage)
Bus Cerro de Pasco – Huancayo : 25 soles (catégorie supérieure)
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