Licancabur. Ascension éprouvante. Mais la plus belle vue de Bolivie.

2 heures du matin, le réveil sonne. Entre l’altitude, le froid et l’excitation, la nuit fut plutôt mauvaise et certainement trop courte. Nous sommes impatients, mais également légèrement inquiets, de tenter cette ascension qui nous fait rêver depuis longtemps.

Le volcan Licancabur, 5920 mètres. A cette altitude, la pression en oxygène dans l’air est diminuée de 55 %. Cela signifie que nos poumons captent deux fois moins d’oxygène qu’au niveau de la mer.

Plusieurs heures de marche, dans un gigantesque pierrier, pour gravir 1300 mètres de dénivelé. Froid, vent glacial, intense radiation UV, rien ne nous sera épargné. Mais, si nous parvenons au sommet, ces efforts seront récompensés par une vue imprenable sur la laguna Verde et l’Altiplano. Probablement un des plus beaux paysages des Andes.

Même s’il est compliqué de manger à cette heure extrêmement matinale, nous avalons pain, confiture et maté de coca.

Nous nous couvrons chaudement, la température devrait varier entre -5 et -10 degrés et sortons du refuge. Le froid est mordant, l’obscurité est parfaite. Des milliers d’étoiles brillent au-dessus de nos têtes. A peine le temps de les observer et nous embarquons dans le véhicule 4x4. Notre chauffeur, Marco, et notre guide pour l’ascension, William, sont prêts à partir.

Nous roulons, pendant une petite heure, sur une piste défoncée. La nuit nous enveloppe. Nous ne distinguons rien à l’exception de quelques mètres devant la voiture, éclairés par les phares.

3 heures 30, notre chauffeur s’arrête. La piste ne va pas plus loin. Nous sommes à 4600 mètres d’altitude. L’effort commence à partir de maintenant.

Nous allumons les lampes frontales et suivons William. Nous entamons l’ascension de ce strato-volcan au cône presque parfait. Marco nous attendra dans la voiture.

Nous marchons pendant deux heures, en nous élevant petit à petit, dans le noir le plus complet. Il fait froid, mais l’absence de vent et l’effort rendent la température supportable. Petite pause pour boire et s’alimenter et nous repartons. Une faible luminosité commence à poindre à l’est et deux impressionnantes masses commencent à se dessiner. Devant nous, la silhouette du Licancabur et, sur notre gauche, celle du volcan Juriques.

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Tirages photographiques

Soudain, le Soleil passe au-dessus de l’horizon et éclaire deux lacs en contrebas dans notre dos, la laguna Blanca et la laguna Verde. Cette apparition nous met du baume au cœur. 

Malheureusement, un vent glacial se lève. L’heure qui suit est éprouvante. Les rayons de Soleil ne nous atteignent pas encore, nous sommes dans l’ombre du Juriques et les rafales de vent nous gèlent. La température ressentie doit avoisiner -15 degrés. Le sentier grimpe maintenant droit vers le ciel, mais l’effort fourni ne suffit pas à nous réchauffer. 

Lorsque nous sommes enfin caressés par les rayons lumineux, nous prenons le temps d’admirer le paysage autour de nous. Notre guide nous informe que nous sommes à 5300 mètres. Nous n’avions jamais atteint une telle altitude auparavant. Ce n’est pas le moment de se reposer pour autant, nous avons effectué la moitié de l’ascension.

A partir de maintenant, le Soleil ne nous quittera plus. Le vent nous plus d’ailleurs !

L’effort, l’altitude et le manque d’oxygène se font sentir. Nous grimpons sur les flancs de la montagne, un pas après l’autre. L’itinéraire traverse maintenant un gigantesque pierrier instable. La marche est plutôt monotone, même si le paysage qui nous entoure est magnifique. A chaque pas, nous dominons le Sud Lipez d’un peu plus haut. Au fil de notre avancée et du jour qui se lève, la laguna Verde prend une teinte émeraude.

Nous commençons à fatiguer, l’ascension parait interminable. Le sommet apparaît au-dessus de nous, il semble si accessible. Pourtant, nous n’avons pas l’impression de nous en approcher. Nous débranchons le cerveau et concentrons nos pensées sur la marche. Un pas après l’autre.

Nous atteignons les 5700 mètres d’altitude. Nous dépassons la hauteur du volcan Juriques situé à côté. La pente devient plus verticale, nous grimpons au milieu de blocs de pierre. Quelques pénitents et amas de neige sont blottis entre les rochers. L’effort est ponctué de pauses de plus en plus fréquentes. Même si nous sommes bien acclimatés, le souffle se fait court.

Enfin, nous parvenons au sommet.

Près de sept heures d’ascension. L’émotion est indescriptible.

La vue, époustouflante, porte à 360 degrés sur l’Altiplano chilien et bolivien. La frontière entre les deux pays passe d’ailleurs sur le sommet du volcan. 

Un petit lac, en partie gelé, est niché au coeur du cratère du Licancabur. Malgré les conditions hostiles, de petits organismes vivants arrivent à survivre et se développer en son sein.  

A nos pieds s’étendent les lagunas Verde et Blanca. Elles n’ont jamais aussi bien porté leur nom ! Leurs couleurs, émeraude pour l’une, blanche pour l’autre, contrastent superbement avec les sols désertiques de la région.

Au-delà, des dizaines de montagnes et volcans s’élèvent au-dessus de l’Altiplano. Les précipitations sont si faibles dans la région que même les plus hauts d’entre eux ne sont pas couverts de neige. Des teintes ocre, sable, crème semblent posées sur ce paysage, telles des touches de peintures.

Quelques nuages blancs viennent souligner le bleu intense du ciel et parachèvent le tableau. 

Nous restons une demi-heure au sommet, avant d’entamer la descente. Cette dernière n’est vraiment pas une partie de plaisir. Nous dégringolons la pente, au milieu d’un pierrier qui dévale sous nos pieds. C’est amusant dans un premier temps, avant de devenir fatiguant. Nous avons de plus en plus de mal à lever nos jambes et avaler de la poussière à chaque respiration n’est pas agréable !

Mais, énorme réconfort, toute la descente s’effectue face à la laguna Verde.

Nous rejoignons, exténués, la voiture en trois heures.

Retour au refuge pour manger une soupe et récupérer nos affaires.

Puis, nous roulons plein nord, longeant une dernière fois les lagunas Blanca et Verde. Nous traversons les paysages admirés d’en haut le matin même, et traversés la veille, le désert de Dali, les sources chaudes de Polques. Tous les autres véhicules ont déjà quitté les lieux, nous sommes seuls au milieu d’un décor toujours aussi extraordinaire.

Nous allons rapidement admirer la zone géothermique de Sol de Manana. Fumerolles et geysers émettent des jets de vapeur d’eau chaude. Des mares de boue bouillonnent en émettant des clapotements. Une odeur de soufre envahit l’air.

Quelques kilomètres plus loin, nous apercevons la laguna Colorada. Nous reviendrons le lendemain matin. Nous poursuivons jusqu’à un petit village situé à proximité où nous passerons la nuit. Quelques refuges vétustes accueillent les touristes. Nous parcourons les bâtiments à la recherche d’une douche. Nous finissons par trouver notre bonheur. La douche, à peine tiède, est vite expédiée, mais nous apprécions de nous débarrasser de la poussière accumulée pendant la descente du Licancabur.

Après un dîner revigorant, nous n’avons aucun problème à trouver le sommeil

Informations utiles :

Douche laguna Colorada : 15 bol.