Troisième étape du trek de l"Ausangate. Pour lire le deuxième épisode, c'est par ici : Trek de l'Ausangate. Vinicunca, splendide montagne colorée
6 heures du matin nous sortons la tête de la tente. Le temps est magnifique, ciel bleu, pas un nuage à l’horizon. Une nouvelle belle et longue journée de marche nous attend !
Cette nuit les mules sont restées à proximité du campement. Le rangement des affaires et le chargement s'effectuent rapidement.
Nous débutons par une montée en direction du col Palomani, 5100 mètres d’altitude. 2 heures d’effort pour atteindre le point culminant du trek. Nous nous élevons à un bon rythme. Le sentier, quelque peu sablonneux, suit une moraine, puis grimpe dans la montagne. Au fur et à mesure, le panorama derrière nous se dévoile. Basilo et les deux mules nous doublent rapidement.
Nous découvrons la vallée empruntée la veille et les montagnes rouges qui l’encadrent. Le glacier que nous apercevions depuis le lac révèle son gigantisme. Il s’étend jusqu’au sommet de l’Ausangate, sur l’intégralité de sa face sud. Ses craquements sourds se font entendre.
Parvenus au col, le vent souffle et un nouveau paysage apparait. Et quel paysage ! La vue porte à 360 degrés. La blancheur de la neige et des glaciers de l’Apu Ausangate contraste avec la terre rouge et les roches noires de la région.
Une langue glacière se jette dans un lac d’une étonnante couleur chocolat. Quelques petits icebergs flottent à sa surface.
Au-dessus du col une petite élévation a de pâles teintes jaune, ocre, brun, vert. Devant nous, plusieurs sommets dépassent allégrement les 6000 mètres.
Nous entamons la descente au milieu de cette immensité, cernés par les glaciers et les pics acérés. Nous retrouvons Basilo dans la pampa (« endroit plat » en quechua) pour le déjeuner. Il a installé la cuisine et la table chez un vieux couple d’éleveurs d’alpagas qu’il connait. Nous mangeons avec une vue imprenable sur l’Ausangate.
Repus, nous repartons pour 2 heures de marche sur un terrain relativement plat. Nous traversons de vastes pâturages pour lamas et alpagas. Des centaines de camélidés vivent en semi-liberté dans cette large vallée. Petite particularité, ils font leurs besoins aux mêmes endroits. Des cercles de crottes sont ainsi disséminés dans la zone.
Lorsque nous approchons les animaux de trop près, ils s’éloignent de quelques pas, d’une démarche un peu pataude.
Un peu plus loin, deux alpagas prennent la pose, tels des stars, devant une cascade !
Nous quittons la vallée pour nous engager dans une combe qui borde le flanc est de l’Ausangate. Le sentier monte légèrement, en longeant un torrent, au milieu d’une végétation rase et grillée par les éléments.
En quelques minutes, le temps change radicalement. Derrière nous, vers le sud, un franc Soleil illumine encore le paysage. Devant nous, vers le nord, les nuages font rapidement leur apparition et enveloppent les montagnes alentour.
Nous arrivons au campement de Jampa vers 14h30. Entre les nombreuses heures de marche des trois derniers jours, l’altitude élevée et le manque de confort nous commençons à fatiguer !
Le lieu offre une magnifique vue sur le sommet de « Tres Picos », dénommé ainsi car il présente trois pics acérés. Nous sommes au milieu des pâturages, lamas et alpagas broutent dans les environs. A cause de la couverture nuageuse, le froid tombe vite.
Le lendemain, 6 heures, il est temps de se lever. Le soleil illumine rapidement le campement et nous réchauffe agréablement. Quelle différence avec les réveils sous la neige ! Petit-déjeuner puis rangement de notre tente et de la tente mess. Une nouvelle fois, les mules nous attendent tranquillement à proximité.
A 7 heures 30 nous sommes prêts à partir.
Ce matin nous passons un nouveau col à plus de 5000 mètres. Le sentier s’élève doucement et régulièrement au milieu d’imposants blocs rocheux. Pendant le début de la randonnée nous ne quittons pas des yeux le sommet de « Tres Picos », avant de le contourner.
Nous quittons la zone de pâturage des lamas et alpaguas. Des vigognes sont, de temps en temps, présentes dans les environs. Nous n’aurons pas la chance d’en apercevoir.
La montée nous semble interminable, nous sommes fatigués par les efforts des jours précédents. Le paysage est, heureusement, toujours aussi majestueux. Nous sommes au milieu d’un corridor naturel, formé par les contreforts de l’Ausangate d’un côté et par une impressionnante paroi de l’autre côté. Cette dernière est couverte par un immense glacier qui s’étend jusqu’à une lagune glaciaire à son pied.
Nous atteignons enfin le col Campa. En contrebas, plusieurs lacs apparaissent. Nous déjeunerons sur les rives de l’un d’entre eux. Nous sommes exténués, même la descente nous semble compliquée !
Après 4 heures de marche, la pause est bienvenue. Nous avons presque terminé la boucle autour de l’Ausangate, nous sommes revenus au nord du géant des lieux.
De ce côté, le temps est couvert. Les nuages, qui se sont formés au-dessus de la forêt amazonienne à quelques dizaines de kilomètres, s’accumulent sur les flancs de la montagne. Son sommet se dérobe une nouvelle fois à notre regard.
Le repas du jour (soupe, riz, poulet, haricots) nous redonne des forces. Nous repartons pour la dernière partie du chemin qui nous mènera au petit village de Pacchanta.
Après avoir dépassé le dernier lac, Azulcocha, nous rattrapons une vingtaine de personnes. Ils participent à une excursion organisée par une agence de Cuzco qui permet de découvrir les sept lacs de l’Ausangate (« tour 7 lagunas Ausangate »). Départ de Cuzco à 4h30 du matin, 4 heures de bus puis 2 heures de marche sur le tronçon le moins intéressant de l’Ausangate, idem au retour, pour prendre quelques selfies et photos des lacs… Nous sommes quelque peu sceptiques quant à l’intérêt.
Nous jetons un dernier regard à l'Ausangate. A partir de maintenant, nous allons, petit à petit, nous en éloigner.
Quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Nous accélérons le pas sur un sentier parfaitement entretenu. De la mousse et quelques touffes d’herbe parviennent à s’épanouir dans cet environnement minéral. Un torrent dévale au milieu des rochers. Dans le lointain, les nuages enveloppent des cimes enneigées.
Pacchanta est en vue. Quelques maisons, auberges et restaurants installés à proximité de sources d’eau chaude. L’altitude décline progressivement jusqu’au petit village. On sent que le développement touristique du lieu est en marche. Plusieurs bâtiments destinés à accueillir les visiteurs sont en construction.
Nous arrivons en début d’après-midi. Ce soir nous ne dormirons pas sous la tente, notre guide nous emmène dans un hébergement en dur à l’extrémité du village. Le matelas est défoncé, certaines vitres sont cassées, les toilettes sont à l’extérieur et l’eau provient directement du ruisseau qui coule devant le bâtiment. Simple, voire austère, mais nous apprécions de trouver un lit !
Pacchanta est le point d’arrivée du trek classique de l’Ausangate. Après 4 ou 5 jours d’effort les marcheurs sont heureux de détendre leurs muscles endoloris dans les sources d’eau chaude, avant de retourner à Cuzco. Pour notre part le trek se poursuit le lendemain. Dans l’immédiat, nous profitons avec plaisir des sources !
Il pleut mais l’eau, à la température parfaite, nous réchauffe agréablement. Le paysage aux alentours est de toute beauté. L’Ausangate s’élève au-dessus des maisons du village pour disparaitre dans les nuages. Nous savourons ces instants, à peine dérangés par les mantras récités par une femme célébrant la montagne sacrée (Apu).
En fin de journée nous apercevons une silhouette que nous connaissons. Alejandro apporte du ravitaillement pour les deux derniers jours de trek, avant de retourner auprès de sa femme. Elle vient d’accoucher d’une petite fille, les deux se portent bien. Il nous présente également Luis qui remplace Basilo en tant que muletier et cuisinier pour la suite de la randonnée. Ce dernier nous quittera en début de nuit, il accompagne un groupe qui débute le trek de l’Ausangate le lendemain.
A partir de maintenant nos deux guides ont à peine la vingtaine !
De la truite, délicieuse, est au menu du diner.
Il est temps de faire nos adieux à Basilo. Nous sommes tristes de quitter cet homme admirable qui nous a accompagné pendant 5 jours. Nous le remercions pour sa gentillesse, son sérieux et les attentions apportées pendant le trek. Nous serons ravis de marcher à nouveau en sa compagnie dans le futur !
Informations utiles !
Sources d'eau chaude Pacchanta : 5 soles
Hospedaje Ausan (Pacchanta) : chambre 20 soles
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