Le lendemain, il fait grand beau. Le Soleil peine à réchauffer l’atmosphère, heureusement un solide petit-déjeuner nous attend. Pendant que Marco, notre chauffeur, effectue les dernières vérifications sur la voiture, nous nous baladons dans le petit village. Les enfants vont à l’école, tandis que quelques lamas se promènent au milieu de la piste.
L’itinéraire du jour doit nous mener aux abords de la sublime laguna Verde. Nous emprunterons les mêmes pistes et découvrirons les mêmes paysages que les autres véhicules. Mais, notre programme est moins dense. Ce soir, nous dormirons à proximité de la laguna Verde, alors que les autres touristes auront découvert le lieu en milieu de journée, avant de poursuivre vers la laguna Colorada. Nous pouvons donc partir après tout le monde et avoir l’impression d’être seuls au monde !
Après quelques kilomètres au milieu de l’Altiplano, nous atteignons nos premiers bofedales. Il s’agit de zones humides, formant des pâturages naturels bienvenus dans cet environnement sec et désertique. Pendant les longs mois sans précipitation, ils permettent à la faune de s’abreuver. En plus de la présence de lamas, alpagas et vigognes, quelques oiseaux et canards barbotent dans ces eaux peu profondes.
Un peu plus loin, nous découvrons les lagunas Hedionda (à ne pas confondre avec le lac du même nom situé le long de la frontière avec le Chili) et Kollpa. Des flamants roses picorent dans la vase au fond du lac et des vigognes sont présentes à proximité. Ces dernières, cousines graciles et sauvages des lamas, s’éloignent d’un pas nonchalant.
Le paysage est vraiment caractéristique des lieux traversés durant ce périple. Autour de nous, une vaste zone désertique et caillouteuse parsemée de rares étendues d’eau. Le Soleil tape, l’évaporation laisse des dépôts blanchâtres sur les rives de ces dernières. Dans le lointain, les silhouettes de quelques volcans se dessinent et se réfléchissent sur les eaux du lac.
Lorsque nous les approchons, les flamants roses s’envolent de manière quelque peu pataude, avant de former un ballet majestueux pour aller se poser quelques dizaines de mètres plus loin.
Nous reprenons la route, traversons le petit salar de Chalviri avant d’atteindre les thermes de Polques en fin de matinée. Nous venons de rejoindre la piste empruntée à la fois par les agences de Tupiza et par celles d’Uyuni. Le lieu est par conséquent extrêmement fréquenté. Mais, à l’heure à laquelle nous arrivons, la majorité des touristes est en train de faire route vers la laguna Verde, plus au sud ou d’en revenir.
Nous profitons des sources d’eau chaude qui jaillissent à cet endroit dans un bassin aménagé par les locaux. Marco, notre chauffeur, se baigne également. Le décor devant nos yeux est extraordinaire et incite à la flânerie.
Un vent glacial se lève et nous ramène sur terre. Il est temps de manger. Nous sortons avec regret des bassins.
Le déjeuner est pris, dans un bâtiment à proximité, en compagnie des touristes de retour de la laguna Verde. Après un bon repas (salade composée, milanaise de viande, riz et légumes), alors que tout le monde repart vers le nord, nous nous dirigeons vers le sud en direction de la frontière chilienne.
Nous traversons une vaste zone dépourvue de végétation appelée “Desierto de Dali”.
Les crêtes montagneuses dans le lointain et les étendues aux tons ocre clair, parsemées de rochers, qui s’étendent à leurs pieds évoquent les paysages que le peintre faisait figurer dans ses compositions. Quelques points se meuvent à l’horizon. Nous ne rêvons pas, il s’agit bien de vigognes qui semblent trouver cet environnement hostile à leur goût !
De l’autre côté de la piste, les montagnes prennent des teintes rougeâtres et cuivrées.
Quelques kilomètres plus loin, les silhouettes des volcans Licancabur et Juriques commencent à apparaître, s’élevant au-dessus de l’horizon.
Nous poursuivons, jusqu’à arriver au bord de la laguna Verde qui se déploie à 4300 mètres d’altitude. Sa couleur turquoise ou émeraude est liée aux sédiments et composants chimiques (arsenic, plomb, soufre, calcium…) présents dans l’eau. La couleur devient plus intense lorsque le vent se lève, tous les jours en milieu de journée. La déception peut être grande pour les touristes qui arrivent sur place dans la matinée et se trouvent face à un lac blanchâtre.
Un dernier véhicule est encore stationné dans les environs.
Il part peu après notre arrivée.
Nous sommes maintenant seuls dans ce décor dont le caractère grandiose est renforcé par le Licancabur qui se dresse en arrière-plan. Nous sommes fascinés par cette imposante masse sombre, mais également inquiets à l’idée de tenter de le gravir le lendemain.
1300 mètres de dénivelé pour parvenir jusqu’au sommet à 5920 mètres d’altitude…
Pour l’heure, nous marchons le long des rives du lac, luttant contre le vent glacial qui souffle sans relâche.
Espérons que les dépôts blancs sur lesquels nous posons nos pieds ne soient pas toxiques pour nos chaussures. Nous aurions l’air fin avec des trous dans la semelle !
De l’autre côté d’une fine bande de terre se trouve un second lac, la laguna Blanca. Elle doit sa couleur laiteuse à la présence de borax. Un petit cours d’eau relie les deux et permet à la laguna Blanca de s’écouler dans la laguna Verde.
Aucune plante ne semble survivre dans ces conditions hostiles, altitude, froid, vent, rayonnement UV intense, absence de précipitations la majeure partie de l’année.
Après avoir pleinement profité des lieux, nous remontons en voiture et longeons la laguna Blanca. Nous rejoignons, à courte distance, un refuge installé en face des bureaux des guides du parc national Eduardo Avaroa. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la frontière avec le Chili.
L’accueil est peu aimable. Bien que le refuge soit vide, nous avons l’impression de déranger ! Nous devons batailler pour avoir un lit dans un dortoir et un guide (obligatoire) pour tenter de gravir le Licancabur le lendemain…
En fin de journée, nous faisons connaissance avec William, le guide, sympathique et professionnel, qui nous accompagnera. Il nous explique comment se déroulera l'ascension. Les conditions météorologiques s’annoncent plutôt favorables, même s’il devrait y avoir du vent, comme souvent dans la région.
Pour le dîner, notre cuisinière nous a préparé un lomo saltado, un plat typique composé de boeuf émincé, oignons, tomates, quelques frites et un peu de riz. Nous sommes surpris par ce choix. Un plat de pâtes (auquel nous aurons droit le lendemain soir !) nous aurait apporté bien plus d’énergie pour le lendemain…
20 heures. Nous préparons nos sacs, puis il est temps d’aller dormir. Le réveil est prévu à 2 heures !
Informations utiles:
Guide (obligatoire) ascension du Licancabur : 1000 bol.
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