Le lendemain, nous poursuivons notre exploration du canyon de Colca et souhaitons nous rendre à l’autre extrémité, à Cabanaconde, point de départ de randonnées dans les gorges. Le village est situé à une cinquantaine de kilomètres, mais aucun bus ne le dessert, à l’exception de ceux en provenance d’Arequipa. Le prochain devrait arriver en milieu de journée. Nous n’avons pas envie d’attendre et nous orientons vers les taxis et minibus collectifs. La compagnie qui assure les transports dans le canyon est située aux abords de la gare routière, dans un bâtiment vert dont le fronton indique “Comision de regantes Chivay”, soit les (anciens ?) locaux de la commission d’irrigation de la région !
Comme d’habitude, le véhicule ne part qu’une fois plein et, ce matin, peu de monde semble vouloir se rendre à Cabanaconde. En face, quelques commerces et “restaurants” installés dans des stands en tôle vendent soupes, boissons et friandises. Petit à petit, des locaux, qui se déplacent pour faire du commerce ou rendre visite à amis et famille, font leur apparition. Après une longue attente sous un soleil de plomb, nous pouvons partir. Patience est mère de toutes les vertus !
Le trajet, ponctué de multiples arrêts en fonction des montées et descentes de passagers, s’effectue en surplomb du canyon. Arrivés à Cabanaconde, nous essayons plusieurs logements. L’endroit semble touristique, les prix sont délirants par rapport au reste du pays, les tarifs sont d’ailleurs souvent affichés en dollars US… L’auberge de jeunesse Mirko’s House fera l’affaire, chambres propres, eau chaude et prix corrects.
Cabanaconde ne présente pas d’attrait particulier, à l’exception de son agréable place centrale bordée par une église à la taille démesurée, mais le village est le point de départ (et d’arrivée) de plusieurs randonnées dans le canyon.
Le canyon de Colca est réputé être un des plus profonds au monde, avec 3200 mètres de profondeur. Heureusement, le dénivelé est moindre pour atteindre le fond du canyon depuis Cabanaconde, environ 1100 mètres.
Plusieurs itinéraires de randonnée sont possibles, du plus court (1 journée ou 2 demi-journées) consistant à descendre vers l’oasis de Sangalle et remonter vers Cabanaconde, jusqu’au trek complet de 4 jours passant par Llahuar, Fure et la cascade de Huaruro, Tapay, San Juan de Chucho.
De notre côté, nous optons pour un trek, effectué à un rythme tranquille, de 3 jours. La première journée nous mènera au fond du canyon, à Llahuar. Le lendemain, nous randonnerons dans le canyon, en passant par le mirador Apacheta, le hameau de Malata, avant de dormir à Sangalle. La dernière demi-journée consistera à remonter 1200 mètres de dénivelé pour rejoindre Cabanaconde.
Pour découvrir le canyon, il est obligatoire de payer un ticket d’entrée, 70 soles, valable une semaine. Ce dernier s’achète dans une salle au rez-de-chaussée de la mairie de Cabanaconde.
Dîner au Pachamama. Pizzas cuites au feu de bois correctes, mais petites et chères.
Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes prêts à marcher ! Nous laissons les affaires inutiles à l’hôtel et allons acheter de quoi déjeuner au café Dolce Tia (situé à côté de la mairie). Les gâteaux et sandwichs roboratifs seront parfaits pour pique-niquer en chemin.
8h. Nous quittons le village, longeons l'arène dans laquelle se déroulent des corridas et courses de taureaux pendant certaines fêtes, traversons quelques champs et atteignons le mirador Achachiwa. Nous surplombons le canyon et la rivière Colca qui coule en son sein. En contrebas, dans le lointain sur notre gauche, nous devinons notre destination du jour, Llahuar. En face, un chemin traverse les pentes du canyon, probablement celui que nous emprunterons le lendemain.
Malgré l’heure relativement matinale, le soleil tape fort.
Le sentier longe le haut du canyon, avant de serpenter le long des parois de ce dernier. Un condor nous survole, furtive et unique apparition de cet oiseau emblématique des Andes. L’environnement est désertique, même les cactus semblent grillés par la chaleur. Seuls les abords de la rivière accueillent de la végétation, rare touche de vert dans ce paysage aride.
Après une longue descente, éprouvante pour les genoux, nous atteignons un pont, unique point pour traverser le rio Colca dans cette partie du canyon. A proximité, une zone volcanique rejette eau chaude et fumerolles. Bien qu’il ne soit que 11 heures, nous profitons de ce cadre agréable pour déjeuner. Malheureusement, quelques mouches piqueuses occupent les rives et nous obligent à abréger notre repas.
Nous ne sommes plus très loin de Llahuar. Un dernier effort, une petite montée et nous rejoignons le hameau. A une centaine de mètres, en bordure de la rivière, deux lodges accueillent les touristes. Le premier, Llahuar lodge ressemble à une usine à touristes, le bâtiment en béton abritant la salle de restauration défigure le paysage. Nous nous dirigeons vers le second, la Casa de Virginia, quelques cabanes éparpillées dans un magnifique jardin.
En arrivant, une vive déception nous attend. La propriétaire nous informe qu’en raison d’un conflit entre les deux lodges, les bassins d’eau chaude situés en bordure de rivière ne sont pas accessibles aux touristes qu’elle héberge. Elle ne peut pas non plus remplir ses bassins, les sources permettant de les alimenter se situant sur la propriété du lodge voisin…
Dilemme. Rester dans cet endroit agréable mais renoncer à la baignade ? Finalement, nous cédons au chant des sirènes des sources et prenons une chambre dans un bungalow en bois du Llahuar lodge. Les prix, s’ils restent corrects, sont élevés par rapport aux prestations. Le dîner est frugal et le petit-déjeuner peu adapté à la longue randonnée du lendemain. Mais l’emplacement, en bordure de la rivière Colca, au fond du canyon et les bassins d’eau chaude valent le déplacement !
Surtout, en ce milieu d’après-midi, de nombreux touristes ne sont pas encore arrivés et personne ne se baigne. Nous profitons des bassins, avant de nous installer dans le jardin. Malheureusement, les mouches piqueuses sont présentes en nombre et le répulsif anti-moustiques n’est d’aucune efficacité. Après plusieurs assauts et vaines tentatives pour les repousser, nous renonçons et terminons l’après-midi dans la cabane.
Salchipapas (saucisses taillées en rondelles mélangées à des frites) pour le dîner. Café, jus de fruit et deux petits pancakes pour le petit-déjeuner. Heureusement que nous avions amené quelques fruits et barres de céréales.
Une nouvelle fois, malgré un départ plutôt matinal (7 heures 30), le soleil tape. Nos sacs sont plus lourds que la veille. Nous ne devrions pas trouver d’eau en chemin et avons rempli nos bouteilles.
En traversant le petit village de Paclla, des habitants nous sollicitent, avec insistance, pour obtenir de l’argent… Nous refusons et nous éloignons rapidement.
Le chemin s’élève en direction du mirador Apacheta, cinq cents mètres de dénivelé nous attendent. A l'exception de l’animation créée par des enfants qui jouent dans la cour de l’école, les lieux semblent déserts. Nous ne croisons pas âme qui vive.
L’environnement est toujours aussi sec, seuls les cactus parviennent à survivre dans ces conditions. Les collines, pelées, sont parcourues de zébrures formées par les pistes et sentiers qui les sillonnent. En parvenant au point de vue, nous mesurons le chemin parcouru et apercevons, en contrebas vers l’est, l’oasis de Sangalle vers laquelle nous nous dirigeons.
Après cette première partie plutôt agréable, l’itinéraire emprunte maintenant la piste qui relie les hameaux et villages du fond du canyon. A chaque passage de véhicule, camionnette ou voiture, un nuage de poussière nous enveloppe. La piste surplombe de quelques centaines de mètres la rivière Colca. Cette dernière est entourée d’une végétation qui semble luxuriante, formant un étonnant ruban vert qui serpente au fond de ce décor désertique.
Après trois heures de marche, un sentier part vers la droite et descend en direction de Sangalle et du cours d’eau. De notre côté, nous poursuivons la piste vers le hameau de Malata. Il est encore tôt, nous rejoindrons l’oasis en début d'après-midi. Nous traversons une importante zone de culture en terrasses, avant d’atteindre le petit village. Une nouvelle fois, les lieux semblent peu animés. Nous effectuons le tour des constructions, en briques de terre et toits de tôle, à la recherche d’un endroit où nous ravitailler.
La place principale, dominée par une église typique de la région, occupe un emplacement privilégié, en surplomb de cultures en terrasse qui descendent jusqu’au fond du canyon. De part et d’autre sont disséminés des maisons et plusieurs bâtiments offrant des services d’épicerie, restauration et hébergement. Des effluves de cuisine s’échappent de l’un d’entre eux. Nous nous y arrêtons et déjeunons à l’ombre d’un parasol.
Repus, nous repartons en direction de l’oasis de Sangalle. Une petite heure de marche pour 350 mètres de dénivelé négatif, dans un environnement toujours aussi aride. Le sentier, qui serpente le long des flancs du canyon, est rendu glissant par la présence de graviers qui roulent sous nos pieds. Un muletier et ses mules lourdement chargées nous doublent, ils ravitaillent en gaz et provisions les hébergements touristiques de Sangalle.
Une fois parvenus au fond du canyon, en bordure du rio Colca, l’air devient plus humide, la température baisse de quelques degrés. Nous découvrons une surprenante végétation luxuriante, arbres, arbustes, palmiers, bananiers, fleurs… Quelques colibris volettent. De l’eau cascade au milieu de parois couvertes de mousse.
Plusieurs lodges permettent de passer la nuit dans ce cadre idyllique mais touristique. “Jardin el Eden”, “Oasis Paraiso Ecolodge”, “Paraiso Las Palmeras”, “Tropical Lodge”... Peu d'imagination dans les noms et des services et des prix relativement semblables. Tous offrent un jardin fleuri, une piscine entourée de transats, des chambres dans des cabanes en bois ou en dur, un bar et un restaurant.
Nous optons pour une chambre dans l’Oasis Paraiso Ecolodge. L’eau de la piscine est plutôt fraîche mais, compte tenu de la chaleur extérieure, la baignade est un vrai plaisir !
En fin d’après-midi, dès que le Soleil disparaît derrière les hautes parois du canyon, la température se refroidit nettement. Le paysage qui nous entoure nous l’a fait oublier, mais nous sommes à plus de 2000 mètres d’altitude.
Le lendemain, réveil aux aurores. Une dure montée pour regagner Cabanaconde nous attend.
1200 mètres de dénivelé, sans possibilité de se ravitailler en eau, sous une chaleur accablante dès que le soleil fait son apparition. L’ascension dure en moyenne 3h30, mais certains randonneurs, accablés par l’effort, le soleil brûlant et l’altitude peuvent mettre plus de 5 heures. La montée devient alors une véritable torture…
Pour éviter cela, il est conseillé de partir le plus tôt possible. Pour notre part, après deux mois et demi dans les Andes, nous sommes parfaitement acclimatés et entraînés. Nous débutons l’ascension à 6h30.
Le canyon est plongé dans l’ombre, la température est encore fraîche. Dès que nous prenons de la hauteur, la végétation luxuriante de l’oasis cède sa place à un environnement sec, désertique. Le sentier s’élève, en zigzaguant sur les flancs de la montagne. Les premiers rayons de soleil dépassent le faîte du canyon, puis, petit à petit, éclairent la paroi de l’autre côté.
Nous avançons rapidement, doublons des grappes de randonneurs, partis bien plus tôt que nous et qui semblent déjà éprouvés.
Au fur et à mesure, le ruban d’eau qui serpente en contrebas rétrécit et le panorama sur le canyon s’élargit. Sur notre droite dans le lointain, nous apercevons Llahuar où nous avions dormi précédemment, tandis que l’itinéraire parcouru la veille apparaît lorsque nous nous retournons. Les rayons de soleil nous atteignent lorsque nous parvenons à la moitié de l’ascension. Une petite pause et c’est reparti.
Nous avançons au milieu de cactus et d’arbustes grillés par les conditions climatiques. Les virages s'enchaînent les uns après les autres. La paroi face à nous s’élève à la verticale et paraît infranchissable. Pourtant, le chemin se fraie un passage au milieu des rochers et des blocs de pierre, avant de déboucher sur le plateau sommital.
Nous atteignons le point de contrôle où un habitant vérifie que nous sommes en possession du ticket obligatoire pour visiter le canyon. Un dernier effort au milieu de vastes surfaces cultivées et nous arrivons à Cabanaconde. Nous avons mis deux heures trente pour effectuer la montée.
Nous récupérons les affaires que nous avions laissées à l’auberge de jeunesse Mirko’s House et allons attendre le bus sur la place principale. Après une demi-heure, celui de la compagnie Reyna fait son apparition. Nous embarquons. Le trajet vers Arequipa se déroule sans encombre…
Informations utiles :
Llahuar lodge : 50 soles pour une cabane pour deux. 15 soles pour les salchipapas
Déjeuner à Malata : 25 soles pour deux
Oasis Paraiso Ecolodge : 40 soles, cabane pour deux. 20 soles pour le dîner
Bus Cabanacode - Arequipa : 20 soles par personne
eduardo pònce
j'ai bien aimé votre post sur le Colca.
J'aI vecu 6 ans au village de Yanque.
cordialement,
eduardo