Après un séjour à Arequipa, partagé entre repos et visites de la ville et du couvent de Santa Catalina, nous réfléchissons à la suite du programme.
A cause d'un départ précipité de Bolivie (voir l’épisode « Ascension de l’Acotango. Notre premier 6000 ! »), nous disposons d’une dizaine de jours avant la fin de ce périple de trois mois dans les Andes. Malheureusement, en cette fin novembre, la saison des pluies approche à grands pas. Un coup d’œil aux sites météorologiques nous dissuade d’envisager un nouveau trek, que ce soit dans la région de Cuzco ou dans la Cordillère Blanche. Nous conclurons donc ce voyage par un itinéraire classique, qui nous mènera dans le canyon de Colca, puis à Nazca et sur le littoral péruvien, dans la réserve de Paracas.
Nous nous rendons à la gare routière d’Arequipa où nous embarquons dans un bus à destination de Cabanaconde, au bout de la route asphaltée, au cœur du canyon de Colca. Plusieurs compagnies, Andalucia (départ 9h30), Reina (départ 11h), Milagros (14 h), desservent le canyon.
Une heure et demie plus tard, nous ne sommes toujours pas sortis de la ville ! Les rues sont encombrées par d’importants embouteillages. Finalement, le bus s’extrait de la circulation dense et le trajet peut commencer. La route grimpe dans la montagne, jusqu’à atteindre l’altiplano, à 4000 mètres d’altitude.
Le volcan Chachani se dresse au milieu de ce haut plateau semi-désertique battu par les vents où seules les touffes d’ichu parviennent à pousser au milieu des cailloux. Nous le contournons, ainsi que la réserve Salinas et Aguada Blanca. Quelques graciles vigognes gambadent dans le lointain.
Le trajet se poursuit, pendant des kilomètres, au milieu d’un paysage caractéristique des plateaux andins. Quelques zones humides apportent des touches de vert dans ce décor minéral. Souvent, des lamas ou des alpagas paissent dans les environs. A proximité, deux ou trois cabanes en pierre où logent, rustiquement, les éleveurs et des enclos, également en pierre, destinés à regrouper et protéger les camélidés pendant la nuit.
La route s’élève à nouveau, serpentant dans la montagne, jusqu’à atteindre le col de Patapampa, 4900 mètres d’altitude. Puis, nous plongeons vers le canyon de Colca.
La première localité que nous atteignons, après près de cinq heures de route, est celle de Chivay, notre destination finale. Nous sommes arrivés dans le canyon et descendons du bus, qui poursuit jusqu’à son terminus, Cabanaconde, à une cinquantaine de kilomètres vers l’ouest.
La petite et paisible ville, située en surplomb de la rivière Colca, constitue un parfait point de chute pour explorer l’Est du canyon. Les activités et découvertes ne manquent pas dans les environs, eaux thermales de La Calera, eaux chaudes de Yanque, site archéologique de Uyo Uyo, forteresse de Chimpa, points de vue sur le canyon et adorables églises coloniales aux frontons peints et aux dimensions parfois démesurées.
Nous prenons une chambre, pour deux nuits, à l’hôtel Colca Land Hostal. Excellent rapport qualité-prix, propre, eau chaude, personnel sympathique et serviable et bon petit-déjeuner.
La ville de Chivay s’organise autour d’une agréable place d’armes bordée de restaurants touristiques. Paradoxalement, nous n’avons aperçu que peu de touristes dans les rues. Non loin, à une extrémité de la place principale, se trouve le principal marché de la zone. En face, signalons le très bon restaurant (seul bémol, le service un peu lent) Maray Restaurante dans lequel pizzas et viandes (dont du steak d’alpaga) sont servis sur des pierres de lave chaudes.
Nous souhaitions nous rendre à la forteresse de Chimpa.
Il est possible d’y aller en minibus en empruntant celui qui part de Chivay à 5 heures du matin en direction de Madrigal (retour de Madrigal vers Chivay à 11h30). Puis, il faut compter une bonne heure de marche entre Madrigal et le départ de la montée vers la forteresse de Chimpa.
Pour notre part, nous préférons nous y rendre en transport privé ! Nous demandons à plusieurs taxis qui stationnent autour de la place principale et convenons d’un départ le lendemain, à 8 heures.
Notre chauffeur est ponctuel, nous partons en direction de Yanque, traversons la rivière Colca en surplomb des bains thermaux de Chacapi et poursuivons sur une piste peu fréquentée. Cette dernière longe des cultures en terrasse et traverse de petits villages hors du temps. Ichupampa, Lari, minuscule village blotti autour d’une imposante église, puis Madrigal, la dernière localité.
La rivière Colca serpente en contrebas, tandis que quelques sommets et volcans enneigés se laissent apercevoir dans le lointain.
En chemin, nous embarquons deux travailleurs agricoles qui marchaient vers des champs à plusieurs kilomètres. Une femme mène quelques moutons et brebis vers un paturage.
La vallée, jusqu’alors plutôt large, se resserre brutalement et fortement. Des versants à-pic plongent vers la rivière Colca. En surplomb, au sommet d’une montagne, s’élève la forteresse de Chimpa, bâtie par la civilisation pré-Inca Collagua. Elle est accessible par un sentier qui serpente sur les flancs, couverts par de nombreux cactus, de l’escarpement.
Une heure d’effort plus tard, nous pénétrons dans la forteresse.
Sa position stratégique, perchée sur un verrou naturel, est évidente et le panorama offert est grandiose.
D’un côté, vers l’Est, le canyon de Colca présente des pentes douces qui encadrent une vallée propice aux cultures. On embrasse du regard les villages traversés le matin même.
De l’autre côté, vers l’Ouest, la rivière coule au fond d’une gorge étroite, quelques centaines de mètres en contrebas. Ici débute la partie la plus profonde du canyon.
Quelques sommets enneigés se dressent dans le lointain et le panache de fumée et de cendres craché par le volcan Sabancaya s’élève dans le ciel bleu.
Les lieux sont déserts, nous pouvons flâner comme bon nous semble.
Nous redescendons et retrouvons notre chauffeur, qui en a profité pour se laver dans un ruisseau à proximité ! Il nous dépose dans le village de Yanque. Sa mission s’arrête là.
Nous déjeunons dans un restaurant situé dans une cour et fréquenté par les locaux. Comme souvent, les enfants de la maison rentrent de l’école et aident au service du traditionnel menu (entrée, plat, boisson à un prix défiant toute concurrence).
Repus, nous marchons jusqu’aux sources chaudes de Chacapi situées en contrebas du village. Plusieurs bassins, alimentés par des sources d’eau chaude naturelles, sont situés de part et d’autre de la rivière. Un pont bringuebalant permet de rejoindre ceux construits sur l’autre rive. Lorsque le vent se lève, la traversée devient légèrement périlleuse et les garde-corps en corde s’avèrent de précieux alliés..
A proximité, un ancien pont colonial espagnol en pierre, semblable aux ponts génois que l’on trouve en Corse, enjambe le rio Colca. En arrière-plan, des cultures en terrasse s’étagent aux flancs du canyon. Ce cadre, presque idyllique, est à peine gâché par un pont métallique plus moderne, qui permet aux véhicules de franchir la rivière.
L’après-midi avance. Après cet agréable moment de détente, il est temps de rentrer ! Nous nous postons au bord de la route qui traverse le pont et attendons qu’un véhicule accepte de nous emmener à Chivay, à une dizaine de kilomètres de distance. Les minibus touristiques ne daignent pas s’arrêter. Nous sommes finalement pris en stop par un père qui est allé chercher sa fille à l’école dans une voiture américaine des années 1950 ou 1960. Ambiance cubaine garantie ! Le moteur tousse un peu, les amortisseurs ne sont plus de première jeunesse, la côte avant de traverser le village de Yanque semble infranchissable… Mais nous arrivons à bon port !
Informations utiles :
Bus Arequipa - Chivay : 15 soles par personne
Hôtel Colca Land, chambre matrimoniale : 65 soles
Taxi privé pour se rendre à la forteresse de Chimpa : 130 soles
Thermes de Chacapi : 30 soles par personne
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